Élongation, claquage ou déchirure?
Au cours de notre vie, nous pouvons souvent nous retrouver avec une atteinte musculaire douloureuse. J’entends souvent mes clients me rapporter une déchirure, d’autres fois une élongation, et, pour les plus sportifs et connaisseurs du jargon, de claquage.
Souvent aussi, il y a une confusion et une incompréhension des termes utilisés. Faisons alors la lumière sur ces différents mots, histoire de démystifier ces impressions.
Premièrement, il est important de noter que ces trois types de blessures concernent le muscle. Cela peut arriver au corps musculaire, au niveau de la jonction musculo-tendineuse, mais pas au niveau central tendon ou son insertion dans l’os.
De quoi est composé un muscle?
Un muscle est formé d’une série de fibre musculaires, regroupées en des groupes, et ces groupes là regroupés en groupes de groupes, pour que le total forme le muscle lui-même. Pensez à des spaghettis. Le spaghetti seul représente la plus petite unité fonctionnelle du muscle (la myofibrille). Maintenant regroupez 50 spaghettis dans un manche, cela formera un groupe d’unité fonctionnelles (le sarcolemme). Regroupons un groupe de sarcolemmes ensembles de la même façon, et on obtient une fibre musculaire. Et au final, l’ensemble de cela forme le muscle (voir ci-dessous).
Alors, qu’est ce qui passe lors d’une blessure?
Un muscle peut se blesser suivant plusieurs mécanismes. Souvent, une contraction violente d’un muscle mal échauffé peut le mettre à rude épreuve. Autrement, un étirement violent peut être une cause de blessure. Sinon, le muscle peut être blessé par traumatisme direct.
Donc on comprend que le mécanisme initial dicte le résultat.
Lorsque le muscle est sujet à un étirement brutal et au-delà de ses capacités de souplesse, certaines fibres peuvent se retrouver sur-étirées et moyennement douloureuses. C’est le cas de l’élongation musculaire. Ce type d’atteinte n’est pas vraiment handicapante, mais elle présente une douleur et une certaine gêne fonctionnelle.
Suite à un traumatisme direct, une contraction violente ou un étirement brutal, il se peut occasionnellement que certaines fibres musculaires se déchirent. On parle d’une déchirure partielle, souvent accompagnée d’enflement et de douleur plus vive, mais localisée. La douleur survient à la fois lors de la contraction et lors de l’étirement. Dans ce cas, on parle de déchirure partielle ou de claquage musculaire.
Dans le cas extrême, suite à un des trois mécanismes lésionnels cités ci-dessus, il arrive que la totalité du muscle se déchire. Ici on parle de rupture totale, ou déchirure totale. Elle est accompagnée de douleur intense, vive et aiguë, d’un important hématome, d’une déformation morphologique visible (surtout dans le cas des muscles superficiels), d’une perte totale de la fonction. Dans le cas de cette lésion, c’est à l’hôpital que débute le traitement, nécessitant souvent (sauf exception) une intervention chirurgicale et une prise en charge totale par le médecin et le physiothérapeute.
Par contre, dans le cas d’une élongation ou d’un claquage (dépendamment de l’intensité du claquage), la kinésithérapie peut s’avérer une technique manuelle de soin de choix. Ainsi, tout dépendant de la durée de l’atteinte, et de son intensité, la kinésithérapie adresse les structures lésées pour relâcher les contractions de défense et les débalancement/compensations occasionnés. Ton kinésithérapeute peut appliquer les différentes techniques de massage, d’étirements, de levées de tensions musculaires et de correction des compensations, pour rétablir l’équilibre et la fonction et soutenir le processus de guérison orchestré par le corps.
Si vous doutez de ce que vous avez, votre kiné peut vous fournir le conseil, tout comme la consultation avec le médecin s’avère incontournable pour l’établissement d’un diagnostic.
Une chose est sûre, quelle que soit l’atteinte, consultez au plus vite, parce qu’une blessure mal soignée peut occasionner des délais dans le rétablissement de la bonne fonction, et peut engendrer des compensations facilement évitables!
Patrick Georgevitch
Kinésithérapeute – Entrepreneur